Présentation de la médiation par les pairs
Certains petits conflits entre les enfants ne remontent pas jusqu'aux enseignants ou animateurs. Le partage des espaces ou des accessoires de jeux, les jalousies, les moqueries, les rivalités sont autant d'occasions de frictions. Ces conflits sont difficiles à arbitrer par des adultes, car on pourrait remonter indéfiniment l'enchaînement des "Il m'a fait ça" – "Mais c'est lui qui avait commencé d'abord" – etc.
Qu'est-ce que c'est ?
La médiation par les pairs a pour objectif d'apprendre aux enfants à gérer eux-mêmes leurs conflits, avec l'aide d'autres élèves formés et soutenus par les adultes de l'école. Les enfants médiateurs sont sollicités ou proposent leur aide en cas de conflit. La médiation ne débute que si les deux parties concernées le souhaitent, elle se déroule pendant un temps de pause, dans une salle close, en privé : deux médiateurs et les enfants en conflit.
La médiation comprend 4 étapes : description des faits par chaque "médié" successivement ; expression des sentiments et des désirs de chacun ; recherche et propositions de solutions par les médiés ; choix d'une solution satisfaisante pour les deux parties et engagement mutuel.
La médiation repose sur des règles. Pour le médiateur : rester neutre, être à l'écoute, tenir secret le contenu de la médiation, ne rien imposer mais permettre aux médiés de trouver leur propre solution. Pour les médiés : respecter l'autre – pas de violence, ni verbale, ni physique ; parler de soi et des faits objectifs, ne pas accuser l'autre ; écouter l'autre avec attention sans l'interrompre ; garder le secret sur ce qui s'est dit en médiation.
Pourquoi ?
Il me semble que l'école de Gragnague est particulièrement propice à cette démarche car je vois dans cette école un esprit d'accueil, une pratique de la non-violence dans la communication avec les enfants, une volonté de ne pas laisser les enfants difficiles ou différents sur le bord du chemin, une belle entente et un respect mutuel entre tous les acteurs de l'école – agents cantine, ATSEMs, enseignants, direction, animateurs, parents, élus. Parmi les élèves, il n'y a pas de problème de violence.
La gestion pacifique des conflits et la communication non-violente ne sont pas naturelles. Ce sont des habiletés sociales qui nécessitent un apprentissage. La plupart des adultes n'ont pas ou peu entendu parler de ces notions, et si certains ont appris « sur le tas », beaucoup manquent d'outils adaptés à la gestion de leurs propres conflits ou des disputes de leurs enfants.
Les élèves de l'école, s'ils sont entraînés à la gestion des conflits, apporteront et transmettront ces compétences dans leurs familles aujourd'hui, et les utiliseront également plus tard dans leur entreprise, dans leur voisinage, dans leur future famille.
Comment ?
En général, ce genre de démarche s'inscrit dans le projet d'école. La première étape est la formation des adultes intéressés par le projet, soit via une association, soit en auto-formation. Puis une information et une sensibilisation de tous les élèves permet de faire connaître le rôle des médiateurs et de récolter des candidatures d'élèves de CM1/CM2. Les candidats sélectionnés suivent une formation dispensée par les adultes du projet. Après leur formation, les enfants assurent une permanence dans la cour de récréation à tour de rôle. Ils sont identifiables par tous (brassard, dossard ou étiquette créée par les élèves), soutenus par tous les adultes de l'école (information, orientation vers la médiation) et encadrés par les adultes du projet.
Il est évident que ce projet demande une forte motivation et implication des acteurs de l'école qui voudront y prendre part. Or, ces acteurs donnent déjà beaucoup de leur temps et de leur énergie pour l'école et les élèves. On peut envisager de ne pas limiter l'assiette de recrutement au seul personnel de l'école, mais de l'étendre aux parents d'élèves, à des enseignants retraités souhaitant garder un lien avec l'école, voire même à des élus ou des employés municipaux ou de la communauté de communes.
Le coût financier peut également être un frein, mais le faible taux de rotation du personnel de l'école de Gragnague permet de rentabiliser sur le long terme les efforts engagés. On peut également choisir une auto-formation de l'équipe à partir notamment du livre « Contre violence et mal-être ». Cette option présente cependant un risque plus élevé d'échec du projet.
Quels bénéfices peut-on en attendre ?
Au-delà de son objectif nominal de prévention des violences, la médiation est un facteur de paix : pas de perdant, mais deux gagnants ; pas de sentiment d'injustice ; pas de rancœur menant à des conflits ultérieurs ou à une animosité larvée au long cours.
En effet, les conflits non réglés peuvent avoir une influence néfaste sur le travail des enfants et l'ambiance en classe. La mauvaise humeur, la rancœur, la colère ne sont pas favorables à la concentration et à la coopération entre les élèves et avec l'enseignant. Les conflits peuvent également créer ou renforcer des phénomènes de « clans », les camarades ayant tendance à prendre parti pour l'un ou l'autre protagoniste.
La médiation permet à l'enfant qui se sent victime, qui ne comprend pas pourquoi ça lui est "tombé dessus", de voir l'enchaînement des causes et donc de restaurer son sentiment de sécurité.
D'autre part, l'enfant qui a eu le comportement objet du conflit, lui, a le sentiment de s'être fait justice pour une raison qui lui semble valable. La médiation permet à cet enfant d'exprimer les raisons de sa colère, de prendre conscience des conséquences de ses actes sur les autres et de comprendre qu'il peut régler ses différends pacifiquement.
Une volonté forte de sélectionner des enfants médiateurs parmi les élèves dont le comportement pose souvent problème est un pari gagnant car il leur permet d'apprendre à contrôler leurs réactions pour rester neutres, de développer leur compréhension des motivations des autres et des conséquences de leurs actes. Se sentir valorisé par leur rôle de médiateur les aide à utiliser positivement leur énergie et restaure leur estime de soi.
Les écoles ayant mis en place le dispositif de médiation par les pairs ont observé un changement radical de comportement en classe des élèves réputés difficiles après leur intégration aux équipes de médiateurs. Ils deviennent des éléments calmes et moteurs.
Les enfants apprennent à exprimer leurs sentiments, à contrôler l'expression de leur colère ou de leur peine. Ils développent leur empathie et des compétences d'introspection. Ils acquièrent une culture de la négociation de solutions gagnant/gagnant. Ces aspects sont particulièrement positifs pour les enfants introvertis, qui ne doivent donc pas être négligés dans la constitution des groupes de médiateurs : Ce rôle leur permet de développer leur expression orale et leur donne confiance en leurs capacités.
L'ensemble de ces habiletés sociales seront utiles à ces enfants tout au long de leur vie scolaire, familiale, professionnelle et sociale.
La médiation par les pairs constitue un outil supplémentaire de gestion des conflits, crée un maillage plus fin pour rattraper et faire progresser des élèves qui ont plus de difficultés que les autres à réguler leur comportement. Elle crée un espace de confiance, où les enfants en conflit savent qu'ils seront écoutés sans être jugés ni sanctionnés. Les témoins ou les protagonistes hésitent donc moins à signaler un problème : il ne s'agit plus de délation, puisqu'il n'y a pas de relation d'autorité ni de risque de sanction.
Le fait de régler eux-mêmes, entre enfants, leurs conflits, développe leur autonomie et leur confiance en soi. « S'ils peuvent le faire, moi aussi je peux... » devenir médiateur ? Négocier calmement avec mes frères et sœurs, ou mes parents ?
Une autre piste…
Enfin, en attendant de mettre en place ce projet, ou si ces arguments ne vous ont pas convaincus, il est possible de commencer par former les élèves à une forme très simplifiée de communication non-violente, adaptée aux capacités des enfants dès la maternelle : les « messages clairs » extraits des publications de Danielle Jasmin.
Il s'agit d'encourager les enfants, lorsqu'ils éprouvent une émotion forte (joie, plaisir ou peine, peur, colère), à l'exprimer de façon structurée sentiment/faits. Par exemple : « Je suis heureux parce que tu joues avec moi. » ou « J'ai de la peine parce que tu te moques de moi. ». Ils peuvent encadrer ces messages clairs par une introduction « Je vais te faire un message clair. » et une question « As-tu compris ? » pour attirer l'attention du destinataire et lui demander un retour.
Cette méthode est très rapide à mettre en place et à expliquer aux élèves. On peut leur demander de l'appliquer, pour s'entraîner, aux émotions qu'ils viennent de vivre dans la journée. Ensuite, tout est affaire de répétition pour les amener à l'utiliser spontanément : « Il m'a fait çaaaaa !!! »-« Qu'est-ce que tu ressens ? De la peine ? De la colère ? »-« D'accord, alors va lui faire un message clair, dis-lui. »
Quelques vidéos
Quelques associations
Qu'est-ce que c'est ?
La médiation par les pairs a pour objectif d'apprendre aux enfants à gérer eux-mêmes leurs conflits, avec l'aide d'autres élèves formés et soutenus par les adultes de l'école. Les enfants médiateurs sont sollicités ou proposent leur aide en cas de conflit. La médiation ne débute que si les deux parties concernées le souhaitent, elle se déroule pendant un temps de pause, dans une salle close, en privé : deux médiateurs et les enfants en conflit.
La médiation comprend 4 étapes : description des faits par chaque "médié" successivement ; expression des sentiments et des désirs de chacun ; recherche et propositions de solutions par les médiés ; choix d'une solution satisfaisante pour les deux parties et engagement mutuel.
La médiation repose sur des règles. Pour le médiateur : rester neutre, être à l'écoute, tenir secret le contenu de la médiation, ne rien imposer mais permettre aux médiés de trouver leur propre solution. Pour les médiés : respecter l'autre – pas de violence, ni verbale, ni physique ; parler de soi et des faits objectifs, ne pas accuser l'autre ; écouter l'autre avec attention sans l'interrompre ; garder le secret sur ce qui s'est dit en médiation.
Pourquoi ?
Il me semble que l'école de Gragnague est particulièrement propice à cette démarche car je vois dans cette école un esprit d'accueil, une pratique de la non-violence dans la communication avec les enfants, une volonté de ne pas laisser les enfants difficiles ou différents sur le bord du chemin, une belle entente et un respect mutuel entre tous les acteurs de l'école – agents cantine, ATSEMs, enseignants, direction, animateurs, parents, élus. Parmi les élèves, il n'y a pas de problème de violence.
La gestion pacifique des conflits et la communication non-violente ne sont pas naturelles. Ce sont des habiletés sociales qui nécessitent un apprentissage. La plupart des adultes n'ont pas ou peu entendu parler de ces notions, et si certains ont appris « sur le tas », beaucoup manquent d'outils adaptés à la gestion de leurs propres conflits ou des disputes de leurs enfants.
Les élèves de l'école, s'ils sont entraînés à la gestion des conflits, apporteront et transmettront ces compétences dans leurs familles aujourd'hui, et les utiliseront également plus tard dans leur entreprise, dans leur voisinage, dans leur future famille.
Comment ?
En général, ce genre de démarche s'inscrit dans le projet d'école. La première étape est la formation des adultes intéressés par le projet, soit via une association, soit en auto-formation. Puis une information et une sensibilisation de tous les élèves permet de faire connaître le rôle des médiateurs et de récolter des candidatures d'élèves de CM1/CM2. Les candidats sélectionnés suivent une formation dispensée par les adultes du projet. Après leur formation, les enfants assurent une permanence dans la cour de récréation à tour de rôle. Ils sont identifiables par tous (brassard, dossard ou étiquette créée par les élèves), soutenus par tous les adultes de l'école (information, orientation vers la médiation) et encadrés par les adultes du projet.
Il est évident que ce projet demande une forte motivation et implication des acteurs de l'école qui voudront y prendre part. Or, ces acteurs donnent déjà beaucoup de leur temps et de leur énergie pour l'école et les élèves. On peut envisager de ne pas limiter l'assiette de recrutement au seul personnel de l'école, mais de l'étendre aux parents d'élèves, à des enseignants retraités souhaitant garder un lien avec l'école, voire même à des élus ou des employés municipaux ou de la communauté de communes.
Le coût financier peut également être un frein, mais le faible taux de rotation du personnel de l'école de Gragnague permet de rentabiliser sur le long terme les efforts engagés. On peut également choisir une auto-formation de l'équipe à partir notamment du livre « Contre violence et mal-être ». Cette option présente cependant un risque plus élevé d'échec du projet.
Quels bénéfices peut-on en attendre ?
Au-delà de son objectif nominal de prévention des violences, la médiation est un facteur de paix : pas de perdant, mais deux gagnants ; pas de sentiment d'injustice ; pas de rancœur menant à des conflits ultérieurs ou à une animosité larvée au long cours.
En effet, les conflits non réglés peuvent avoir une influence néfaste sur le travail des enfants et l'ambiance en classe. La mauvaise humeur, la rancœur, la colère ne sont pas favorables à la concentration et à la coopération entre les élèves et avec l'enseignant. Les conflits peuvent également créer ou renforcer des phénomènes de « clans », les camarades ayant tendance à prendre parti pour l'un ou l'autre protagoniste.
La médiation permet à l'enfant qui se sent victime, qui ne comprend pas pourquoi ça lui est "tombé dessus", de voir l'enchaînement des causes et donc de restaurer son sentiment de sécurité.
D'autre part, l'enfant qui a eu le comportement objet du conflit, lui, a le sentiment de s'être fait justice pour une raison qui lui semble valable. La médiation permet à cet enfant d'exprimer les raisons de sa colère, de prendre conscience des conséquences de ses actes sur les autres et de comprendre qu'il peut régler ses différends pacifiquement.
Une volonté forte de sélectionner des enfants médiateurs parmi les élèves dont le comportement pose souvent problème est un pari gagnant car il leur permet d'apprendre à contrôler leurs réactions pour rester neutres, de développer leur compréhension des motivations des autres et des conséquences de leurs actes. Se sentir valorisé par leur rôle de médiateur les aide à utiliser positivement leur énergie et restaure leur estime de soi.
Les écoles ayant mis en place le dispositif de médiation par les pairs ont observé un changement radical de comportement en classe des élèves réputés difficiles après leur intégration aux équipes de médiateurs. Ils deviennent des éléments calmes et moteurs.
Les enfants apprennent à exprimer leurs sentiments, à contrôler l'expression de leur colère ou de leur peine. Ils développent leur empathie et des compétences d'introspection. Ils acquièrent une culture de la négociation de solutions gagnant/gagnant. Ces aspects sont particulièrement positifs pour les enfants introvertis, qui ne doivent donc pas être négligés dans la constitution des groupes de médiateurs : Ce rôle leur permet de développer leur expression orale et leur donne confiance en leurs capacités.
L'ensemble de ces habiletés sociales seront utiles à ces enfants tout au long de leur vie scolaire, familiale, professionnelle et sociale.
La médiation par les pairs constitue un outil supplémentaire de gestion des conflits, crée un maillage plus fin pour rattraper et faire progresser des élèves qui ont plus de difficultés que les autres à réguler leur comportement. Elle crée un espace de confiance, où les enfants en conflit savent qu'ils seront écoutés sans être jugés ni sanctionnés. Les témoins ou les protagonistes hésitent donc moins à signaler un problème : il ne s'agit plus de délation, puisqu'il n'y a pas de relation d'autorité ni de risque de sanction.
Le fait de régler eux-mêmes, entre enfants, leurs conflits, développe leur autonomie et leur confiance en soi. « S'ils peuvent le faire, moi aussi je peux... » devenir médiateur ? Négocier calmement avec mes frères et sœurs, ou mes parents ?
Une autre piste…
Enfin, en attendant de mettre en place ce projet, ou si ces arguments ne vous ont pas convaincus, il est possible de commencer par former les élèves à une forme très simplifiée de communication non-violente, adaptée aux capacités des enfants dès la maternelle : les « messages clairs » extraits des publications de Danielle Jasmin.
Il s'agit d'encourager les enfants, lorsqu'ils éprouvent une émotion forte (joie, plaisir ou peine, peur, colère), à l'exprimer de façon structurée sentiment/faits. Par exemple : « Je suis heureux parce que tu joues avec moi. » ou « J'ai de la peine parce que tu te moques de moi. ». Ils peuvent encadrer ces messages clairs par une introduction « Je vais te faire un message clair. » et une question « As-tu compris ? » pour attirer l'attention du destinataire et lui demander un retour.
Cette méthode est très rapide à mettre en place et à expliquer aux élèves. On peut leur demander de l'appliquer, pour s'entraîner, aux émotions qu'ils viennent de vivre dans la journée. Ensuite, tout est affaire de répétition pour les amener à l'utiliser spontanément : « Il m'a fait çaaaaa !!! »-« Qu'est-ce que tu ressens ? De la peine ? De la colère ? »-« D'accord, alors va lui faire un message clair, dis-lui. »
Quelques vidéos
Des petits médiateurs à l'école (Toulouse)
École primaire Maurice Bécanne à Toulouse : Témoignage sur la médiation par les pairs
(auto-formation – pas poursuivi)
Médiation par les pairs
École Marcel Thiry en Belgique : Simulation d'une médiation par les pairs
Médiation scolaire
Communauté de communes du Clermontais (Hérault) : Témoignages d'élus, enseignants, élèves, parents sur la médiation par les pairs
Quelques textes
Les messages clairs
Les enfants peuvent pratiquer entre eux une communication non-violente simplifiée, de façon autonome
Mise à jour : Danielle Jasmin, l'auteure de la méthode des messages clairs a mis au point et conseille maintenant une nouvelle formulation : sentiments puis faits → "Je suis en colère parce que tu as pris mon ballon."
Pour une école citoyenne à la mesure de tous : les enfants médiateurs
Témoignage sur le cheminement d'une école vers la médiation par les pairs et les messages clairs.
La médiation
Simple et courte présentation du processus d'une médiation.
Contre violence et mal-être – la médiation par les élèves
Livre de formation à la médiation par les pairs (93 pages) mis à disposition gratuitement.
Quelques associations
Génération Médiateurs
Contact Midi-Pyrénées :
Yolaine de Brichambaut Domercq
31130 Balma
05 61 24 46 63
MédiActeurs Nouvelle Génération
3 impasse Jean de Villiers 95400 Villiers le Bel
mediacteurs.ng@gmail.com
Centre de ressources sur la non-violence Midi-Pyrénées
11 allée de Guérande 31770 Colomiers
05 61 78 66 80